Les forces armées de la RDC (FARDC) ont alerté, à travers un communiqué rendu public dans la soirée de ce lundi 13 juin 2022 que la cité frontalière de Bunagana située dans la province du Nord-Kivu est occupée depuis la matinée de ce même lundi par les forces de défense du Rwanda.

Les forces loyalistes notent que l’armée rwandaise a violé intangibilité du sol congolais, après que ses protégés qui sont les rebelles M23 ont subi de revers de la part des FARDC.

« Après avoir constaté d’énormes revers subis par leurs protégés sur le terrain, les Forces de Défense du Rwanda ont, cette fois et à découvert, décidé de violer l’intangibilité de notre frontière et l’intégrité de notre territoire en occupant la cité frontalière de Bunagana ce lundi 13 Juin 2022 aux environs de 07 heures du matin », peut-on lire dans ce document.

Pour les FARDC, cet acte ne constitue « ni plus ni moins une invasion de la RDC ». Face aux réalités de faits, les forces armées congolaises tireront toutes les conséquences qui s’imposent et défendront la partie, poursuit le même communiqué

Le FARDC appellent la population à la vigilance et à ne pas céder à la panique. Elles assurent que toutes les dispositions sont mises en place pour une reprise en main de la situation.

Le général Sylvain Ekenge, porte-parole du gouvernement militaire de la province, a déclaré que Kigali avait décidé « d’intervenir directement » après avoir réalisé que les rebelles qu’il soutenait subissaient « d’énormes revers ».

Les troupes rwandaises « ont décidé de violer le caractère intouchable de notre frontière et l’intégrité de notre territoire » en occupant Bunagana, ce qu’il a qualifié « d’invasion, ni plus, ni moins ».

Les commentaires ont intensifié la rhétorique congolaise contre le Rwanda, le gouvernement accusant déjà son voisin de soutenir les rebelles dans l’est du pays.

Bunagana « est sous le contrôle de l’ennemi », avait précédemment déclaré à l’AFP un officier congolais par téléphone depuis Goma, la capitale provinciale.

« L’armée vient de céder et se dirige vers l’Ouganda », a déclaré Damien Sebusanane, responsable d’une association de la société civile, qui se trouvait à la frontière ougandaise avec la République démocratique du Congo (RDC).

« Un camion de l’armée vient de passer, quatre jeeps et d’autres véhicules remplis de soldats », a-t-il dit, estimant à une centaine le nombre de soldats de la RDC qui se repliaient en Ouganda.

Une source humanitaire sur le terrain a déclaré que de violents affrontements avaient de nouveau éclaté dimanche matin et que la seule issue pour les troupes de la RDC assiégées était de passer en Ouganda.

« Cent trente-sept soldats congolais et 37 policiers se sont rendus » aux troupes ougandaises, a déclaré l’officier des forces de sécurité Hajj Sadiq Sekandi depuis Kampala.

« Ils fuyaient les combats et cherchaient protection », a-t-il dit, ajoutant qu’il se trouvait à la frontière pour diriger une réunion de crise.

Des milliers de personnes ont fui vers l’Ouganda et le territoire congolais de Rutshuru depuis qu’un deuxième épisode de violence a éclaté en mars.

L’officier ougandais a déclaré : « En ce moment, il y a plus de 30 000 Congolais du côté ougandais de la frontière. Ils ont peur de rentrer chez eux.

L’agence des Nations Unies pour les réfugiés a déclaré lundi que 368 autres personnes avaient traversé la frontière ougandaise depuis Bunagana.

La situation humanitaire était « de plus en plus préoccupante », a déclaré Hervé Nsabimana, coordinateur d’une ONG de défense des droits de l’homme.

Le M23, une milice principalement tutsie congolaise, est l’un des plus de 120 groupes armés actifs dans l’est de la RDC.

Il a brièvement capturé Goma en 2012, mais une offensive conjointe des troupes de l’ONU et de l’armée congolaise a réprimé la rébellion.

Le groupe a repris les combats en novembre de l’année dernière après avoir accusé le gouvernement congolais de ne pas respecter un accord de 2009 en vertu duquel l’armée devait incorporer ses combattants.

Le gouvernement de la RDC a réitéré dimanche que le Rwanda soutenait les rebelles, une affirmation que Kigali a démentie à plusieurs reprises.

Dans leur assaut contre Bunagana, les M23 ont été « appuyés par des militaires et de l’artillerie de l’armée rwandaise », a indiqué l’armée de la RDC dans un communiqué, ajoutant que deux militaires et plusieurs combattants ennemis ont été tués.

Ekenge avait déclaré que le Rwanda cherchait à « asphyxier » Goma et à faire pression sur le gouvernement de Kinshasa.

Appel au cessez-le-feu

Le M23 a publié une déclaration confirmant que Bunagana était sous son contrôle.

Ce n’était pas un acte prémédité, a déclaré le porte-parole Willy Ngoma, mais est venu en réponse à l’offensive de l’armée.

L’ONU et l’Union africaine ont appelé à un cessez-le-feu de tous les côtés, mais Kigali a accusé la mission de l’ONU en République démocratique du Congo, connue sous son acronyme français MONUSCO, de « prendre parti » et de soutenir Kinshasa.

« Quand la RDC bombarde le territoire rwandais sans provocation, c’est une affaire grave qui a des conséquences, et cela doit cesser une fois pour toutes », a déclaré sur Twitter la porte-parole du gouvernement rwandais, Yolande Makolo.

« En prenant parti dans ce conflit, la MONUSCO a contribué de manière significative à l’intransigeance du gouvernement de la RDC dans les bombardements transfrontaliers du territoire rwandais », a-t-elle ajouté.

Les relations entre Kinshasa et Kigali sont tendues depuis l’arrivée massive en RDC de Hutus rwandais accusés d’avoir massacré des Tutsis lors du génocide rwandais de 1994.

FK

By Joel Konde

Joel Konde pour vous informé

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