Une bataille féroce s’est passée hier dimanche dans le Nord-Kivu et s’est soldée par la débâcle de FARDC, comme le témoignent bien ces chars de combat congolais abandonnés entre les mains de ennemis. Toutes les sources locales sont concordantes sur un fait : c’était l’armée rwandaise et ougandaise qui ont combattu au front sous le label de M23.
Et de fait, n’oublions point qu’il y a juste deux semaines, le général Muhoozi, fils biologique de Museveni et commandant en chef de
l’armée de terre ougandaise avait, à titre d’avertissement, fait publiquement cette déclaration : “ Notre armée avec l’armée sœur du Rwanda nous n’aurons pas besoin de la permission du gouvernement pour intervenir sur le territoire congolais sous prétexte de venir pourchasser les FDLR” . Cette intervention militaire sur le territoire congolais sous le code “ Opération Rutayibwa” ( Invincible en kinyarwanda) a été déclenchée hier avec la coordination des forces armées rwandaise et ougandaise cachées derrière le faux label de M23. Les FARDC se sont farouchement battus toute la journée, abandonnant in fine la cité de Bunagana entre les mains de l’ennemi.
Trois énigmes vont concomitantes avec cette défaite militaire.
1) Dans une guerre, le narratif du politique joue un grand rôle et le fait que le gouvernement congolais attribue la violence actuelle de l’Est à un groupe dit « terroriste » dédouane la responsabilité DIRECTE du Rwanda. Dire le Rwanda aide les M23 et dire le Rwanda attaque la RDC derrière les M23 sont deux affirmations différentes. Les M23 n’existent plus depuis 2011. Il n’y a plus que l’armée rwandaise portant les uniformes congolais. Point barre.
2) Et comment les FARDC ( quoique surmotivées) peuvent-elles défaire l’ennemi avec cette présence plus que massive de nombreux officiers supérieurs rwandais infiltrés dans leur chaîne de commandement et en intelligence avec l’ennemi. Les services de sécurité congolais en ont depuis lors fait une liste exhaustive . La présidence et le gouvernement congolais les connaissent nommément. Mais personne n’entend user de son pouvoir régalien pour les relever de leurs fonctions et les mettre hors d’état de nuire. Comment voulez-vous gagner la guerre sans au préalable nettoyer la chaîne de commandement en vue de sauvegarder le secret défense et les stratégies d’attaque de l’adversaire ????
3) Au moment où l’armée ougandaise s’est publiquement alliée à celle rwandaise, on est choqué, très choqué même de voir le gouvernement de Tshisekedi ouvrir le ciel aérien à la compagnie aérienne ougandaise. Les avions d’Ouganda Airlines peuvent officiellement desservir trois villes Goma, Kinshasa et Lubumbashi. Et depuis le 11 juin 2022, de trois vols initialement prévus dans les accords, on est passé à cinq vols par semaine.
Comme si le scandale diplomatique ne s’arrêtait pas là, il y a juste deux semaines un important groupe d’hommes d’affaires et des politiciens ougandais s’est librement rendu à Kinshasa et à Goma pour explorer les opportunités commerciales dans ce nouvel État membre de la communauté de l’Afrique de l’Est. Bref ces ennemis du Congo font officiellement des partenariats d’affaires commerciales tout en attaquant militairement le Congo. Et Kinshasa ferme les yeux. Il fait comme s’il ne voit rien.
Lorsque le président congolais continue à soutenir sa piètre diplomatie (“j’ai toujours soutenu qu’il faut construire de ponts plutôt que des murs”) et à faire confiance à des soi-disant alliés sous-regionaux qui considèrent la RDC comme leur ennemi numéro un, c’est l’intégrité territoriale même du Congo qui est désormais hypothéquée lourdement et fort curieusement avec la complicité de ses propres dirigeants.
De toute évidence les FARDC sont décidées à neutraliser cet éternel ennemi qui s’est fixé le l’objectif d’occuper Goma et Bukavu les prochaines semaines mais que les soldats congolais trouvent plutôt prenable. Sauf qu’ils ne reçoivent pas le soutien d’une position idéologique et politique FERME de la part de leurs dirigeants politiques. L’invincibilité dont se targuent les rwandais et les ougandais ne relève point de leur puissance de feu mais principalement de complicités dont ils bénéficient dans la hiérarchie militaire des FARDC et de la TRAHISON des dirigeants congolais.
L’énigme qui accompagne cette opération militaire ougando-rwandaise et le déficit politique de Kinshasa de pouvoir prendre le taureau par ses cornes resteront le coup de poignard le plus mortel dans le dos des congolaises et des congolais.