On voit des soldats motivés partir sur le front du Kivu pour repousser les agressions rwandaises. En réalité, leur principal ennemi ne se trouve pas au Rwanda, mais à Kinshasa, où les autorités vont parfois jusqu’à contredire leur propre armée dans les médias. Depuis plus de deux décennies, des dizaines de milliers de soldats congolais sont partis dans les provinces de l’est où ils ont été lâchement neutralisés. Kinshasa, complice de Kigali, utilise au moins trois stratégies pour neutraliser les militaires congolais :

1/ Les placer sous commandement des officiers rwandais. Vous arrivez à Goma ou à Beni avec beaucoup de motivation. Tout d’un coup, vous vous retrouvez sous le commandement des “officiers ennemis”. Vous tombez dans des embuscades, vous recevez des ordres contradictoires et, au bout d’un moment, vous êtes décimés.

2/ Détourner les fonds. Les fonds destinés aux militaires au front sont détournés souvent à Kinshasa-même par des officiers mafieux, anciens membres des mouvements armés créés par le Rwanda (les ex-AFDL/RCD/CNDP…) brassés/mixés. Le soldat sur le front se retrouve sans rien. A Beni, les militaires FARDC accumulent parfois jusqu’à 9 mois sans être payés. Les plus honnêtes endurent la souffrance et meurent parfois d’épuisement. Les autres désertent l’armée ou se transforment en complices des groupes armés pour piller la population locale et alimenter des trafics en tous genres, y compris d’armes, de munitions, d’uniformes, des renseignements à l’ennemi…

3/ Punir les patriotes. C’est une constante : les soldats congolais qui se distinguent au combat face aux forces rwandaises sont systématiquement assassinés, rappelés à Kinshasa ou calomniés dans le but de les écarter des théâtres des opérations. Chaque fois qu’ils sont au point de neutraliser les quartiers généraux ennemis, ils reçoivent des ordres directs de Kinshasa pour stopper les opérations et permettre aux chefs ennemis de s’échapper. Témoins gênants de ce double-jeu de Kinshasa, ces soldats doivent être éliminés.

Que faire ?

La population de Goma a déjà compris la politique machiavélique de Kinshasa. Chaque fois qu’elle est confrontée aux agressions rwandaises, elle entreprend de soutenir massivement les militaires au front et de créer un mariage “civils-militaires”. En 2013, lorsque Kinshasa avait tenté de rappeler le colonel Mamadou Ndala en vue de paralyser ses opérations contre le M23, la population de Goma est allée bloquer toutes les routes reliant la ville à l’aéroport et empêcher le départ du vaillant colonel. Elle a ensuite rassemblé des vivres et les a elle-même acheminés au front pour palier le sabotage des ravitaillements de l’armée. Les soldats congolais se sont battus avec motivation et ont vaincu les RDF/M23.
Bien entendu, Kinshasa, toujours Kinshasa, est parti ressusciter ces ennemis à Kampala et à Nairobi en signant des accords de haute trahison qui nous retombent dessus aujourd’hui. Quant au colonel Mamadou Ndala, son patriotisme ne lui sera jamais pardonné. Il sera assassiné par des taupes infiltrées dans les FARDC à Beni le 02 janvier 2014.

Un peuple qui oublie son passé se condamne à le revivre en pire.
Le principal ennemi des militaires congolais, c’est à Kinshasa qu’il faut le débusquer et le neutraliser.

Boniface Musavuli, Chercheur, Spécialiste en questions sécuritaires

By Joel Konde

Joel Konde pour vous informé

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