( Ma publication du 31 mai 2019)
J’ai encore très frais en mémoire ce qui s’était le mercredi 30 juin 2010, date marquant le cinquantenaire de l’ « indépendance » de la Rd Congo et tout le faste qui avait entouré les cérémonies commémoratives.
A titre de rappel, quinze mille militaires et policiers congolais, 400 chars et véhicules vont défiler sur le boulevard triomphal jouxtant au stade des Martyrs et totalement remis à neuf. Troupes à pieds, camions légers Unimog pimpant neufs et équipés des pièces anti-aériennes ou tractant des canons de divers calibres, orgues de Staline, blindés chenillés, voire même la cavalerie de la Garde Républicaine ont paradé sous un soleil de plomb, devant une tribune où avaient pris place les invités de marque, notamment le Roi belge Albert et son épouse, accompagné de membres du gouvernement belge, le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-Moon et de nombreux autres chefs d’Etat africains dont Paul Biya (Cameroun) ; Robert Mugabe (Zimbabwe) ; Idriss Deby Itno (Tchad) ; Ali Bongo (Gabon) ; Denis Sassou Nguesso (Congo) ; François Bozize (Centrafrique), Yoweri Museveni (Ouganda) et…Paul Kagame(Rwanda).
Ce que les congolais ont vite fait d’oublier, c’est le non-respect de l’heure annoncée la veille mardi 29 juin 2010 par le Protocole d’État au journal parlé de la RTNC. Il était convenu que les cérémonies de défilé commenceraient à 9 :00. De fait, tous les invités de marque dont le couple royal belge avaient répondu présent bien avant cette heure. Le coup d’envoi devrait être donné par le discours inaugural de Joseph Kabila suivi de l’imposant défilé militaire. De Kabila et invités, tous étaient là présents dans la tribune à l’heure convenue, sauf un… Vous l’aurez compris, il s’agit du président rwandais.
Déjà les congolais avaient appris avec stupeur le mardi 29 juin la venue à Kinshasa des présidents ougandais et rwandais pour assister à la parade militaire devant être organisée le jour suivant dans le cadre de commémoration des festivités du cinquantième anniversaire de l’indépendance nationale. De la stupeur, ils seront cette fois-ci scandalisés d’apprendre que Joseph Kabila avait fait retarder de deux heures le démarrage du défilé jusqu’à l’arrivée de Paul Kagame. Tous ces chefs d’État devant attendre le seigneur des seigneurs, le vrai maitre des céans.
Neuf ans plus tard, les congolais ont déjà passé aux oubliettes cet incident diplomatique révélateur d’une grande vérité devenue secret de polichinelle et porteur d’un message à l’adresse de l’opinion nationale et internationale.
De quel message s’agirait-il au juste ? Il s’agit de ce message qui est livré mezza voce via les faits et gestes des puissants de ce monde.
D’abord Olusengun Obansanjo, président honoraire du Nigéria et envoyé spécial des Nations Unies pour la paix dans l’Est de la République démocratique du Congo a déclaré un certain 16 novembre 2008 à l’issue de sa visite à Jomba, au QG de Laurent Kundabutware : « Joseph Kabila n’est pas apte à diriger un grand pays comme le Congo mais au contraire je vois en Paul Kagame, l’homme parfait pour cette tache »
Le 27 septembre 2012, lors du sommet des nations unies convoqué à New York pour débattre de la crise congolaise, le secrétaire général de l’ONU se tenant entre ses deux interlocuteurs, Paul Kagame et Joseph Kabila présente devant les cameras du monde Paul Kagame comme le président de la République Démocratique du Congo. D’aucuns ont prétexté d’un lapsus linguae mais les scientifiques ont démontré qu’un lapsus exprime bien souvent une vérité que l’on a inhibée alors qu’elle se veut évidente.
En arrivant sciemment en retard le 30 juin 2010 et en intimant à Joseph Kabila l’ordre formel de retarder les cérémonies jusqu’à son arrivée, il a tenu à clarifier l’opinion de tous les congolais appelés à comprendre désormais qui est leur véritable chef en exercice et qui en est une simple marionnette. Suivant le Protocole d’État, quand tous les invités sont installés, c’est alors que le Chef de l’État arrive le dernier pour commencer les festivités. Kagame a exécuté à la perfection cette règle protocolaire un certain 30 juin 2010.
Plus récemment encore, c’est Paul Kagame lui-même qui viendra une fois de plus éclairer la lanterne devant les micros de CNN en précisant que tous les mandataires d’État, en commençant par le président congolais jusqu’à ses plus subalternes, il n’y a personne qui ne vienne chercher les ordres les ordres de lui à Kigali. En d’autres mots, le véritable président de la République à démocratiser du Congo, c’est bel et bien Paul Kagame lui-même.
Ceci est d’autant vrai qu’au plus fort de la crise politique issue d’un processus électoral biaisé et calamiteux, la décision prise par l’Union africaine présidée par le même Kagame de reporter la proclamation du scrutin sera déjouée par le même Kagame auprès duquel se rendra une délégation congolaise (She Okitundu et Kalev Mutond) dépêchée le jeudi 18 janvier 2019 par le Rais à Kigali pour obtenir l’aval de Kagame sur la nomination d’un président non élu par le Souverain primaire. “A tout seigneur tout honneur” dit un adage! Le nouveau président n’échappera pas à cette sagesse en effectuant une visite d’état à Kigali seulement deux mois après son accession à la Magistrature suprême.
« C’est moi le véritable président du Congo-Kinshasa », tel est le message qui, au-delà des aspects protocolaires, Paul Kagame tient à faire passer à tout le monde, aux hôtes de marque comme à « ses sujets » serviles et consentants du 30 juin 2010 tout comme à la communauté nationale congolaise comme à celle internationale qui suivra par millions le déroulement des obsèques de l’opposant congolais. Telle a été, telle est encore sa conviction intime en ce jour où il vient participer aux funérailles d’Étienne Tshisekedi qui était plus un caillou dans ses souliers qu’un ami.
Ces funérailles d’Étienne Tshisekedi deviennent pour lui une occasion en or de donner l’impression de compatir avec le peuple congolais, tout en ayant un autre agenda politique en tête. Pendant que la presse nationale encense sa solidarité africaine au moment où le pays est en deuil, Kagame, lui, va très vite dans l’exécution de son plan. Aussitôt descendu de l’avion, il s’est empressé d’organiserà Nsele une réunion tripartite d’urgence mettant autour d’une même table Félix Tshisekedi, Lourenço au moment même où sont signalés des bruits de botte à l’Est du pays.
Des sources dignes de foi ont sonné l’alarme sur un grand déploiement des Bana Moura dans les provinces du Katanga, Tanganyika, Lualaba, sud-kivu , Maniema ,Nord-Kivu et autres pour un éventuel futur assaut. En même temps une source locale à Fizi signale deux hélicoptères de combat qui viennent d’atterrir à Kalisha un village du Secteur de Ngandja territoire de Fizi et l’arrivée d’environ 20.000 vaches débarquant d’un pays voisin.
Pour mieux comprendre la nature de cette information ultrasensible, il faut la recouper avec d’autres éléments d’information parvenus contemporainement de l’Est du Congo. Tenez ! Hier, 30 mai 2019, à 01h30′ heure du Rwanda, le Bataillon de la force spéciale du Rwanda, selon la source, avec l’approbation du Gouvernement de Kinshasa (à vérifier si le réellement que le Président Félix Tshisekedi a donné son approbation ou y a une main noire derrière), est entré en RDC par le village Manda près de Kamanyola Sud Kivu. Ce Bataillon de la force spéciale du Rwanda a trouvé des Camions militaires des FARDC qui les attendaient, qui les ont transportés et leurs matériaux à UVIRA dans le Sud Kivu.
Ne perdons point de vue qu’au cours de ces quatre derniers mois, le Chef des services d’intelligence du Rwanda le Colonel Anicet Kalibata a visité Kinshasa à reprises pour s’entretenir avec le Président Félix Tshisekedi et des proches de son administration. Est-ce qu’avec ce qui se passe à UVIRA – Zone de Fizi contre le Banyamulenge et dans les alentours de Goma, le nouveau Président Félix Tshisekedi serait-il d’accord? Aurait-il donné donné au criminel Paul Kagame son feu vert pour mener des opérations dans le Sud Kivu en RDC ? La tripartite tenue entre l’Angola et le Congo n’est-elle pas pour brouiller l’attention du président angolais comme ce fut le cas à Addis-Abeba où le président rwandais avait bien réussi son coup de maitre en donnant l’impression à son pair angolais l’impression de lutter pour la l’instauration de l’état de droit et la stabilité en RDC pendant qu’en sous-mains il avait trahi la bonne foi de ses pairs africains qui avaient vraiment cru à l’envoi d’une délégation de l’UA à Kinshasa pour le 21 janvier de cette année?
Aux obsèques d’Étienne Tshisekedi peuvent bien faire suite dans les semaines à venir, des événements de caractère conflictuel et douloureux contre le bien-être du peuple congolais et contre le rêve politique de l’illustre défunt qui s’est battu bec et ongle en 2011 pour renvoyer au Rwanda le lieutenant de Kagame. L’expérience nous enseigne qu’à chaque matanga (deuil), tout le monde ne vient pas que pour pleurer et compatir. Il y en a qui saisissent l’opportunité pour s’introduire comme un loup dans la bergerie en vue d’y semer ruines et désolations! Cet encombrant hôte rwandais peut s’être bien préparé à faire un baiser de Judas à la mémoire révolutionnaire du Sphinx. Le peuple congolais a tout intérêt de ne pas se laisser berner par ce geste bon enfant de trois présidents qui se tiennent main dans la main et de bien ouvrir l’œil!