C’est depuis deux semaines que s’est déchaînée une querelle redoutable, une espèce de passe d’armes entre l’ambassade de Chine et celle des USA par la voix de J. Peter Pham. Les accusations des uns et des autres révèlent primo la vérité sur la manière dont la RDC est devenue le champ de prédation et de pillages depuis l’entrée de l’AFDL tout comme secundo la démonstration de la compétition géopolitique ces deux puissances qui semblent avoir choisi le Congo comme le théâtre de leurs rivalités.
Au menu de ces invectives :
AMBASSADEUR DE CHINE :
Parmi les entreprises minières illégales soupçonnées en Rdc au Sud Kivu, il y a au moins une américaine. Est-ce que l’administration américaine va aussi prendre des sanctions comme le fait l’administration chinoise? Ceux qui sont vraiment forts doivent assumer leur responsabilité.
RÉPONSE AMBASSADE AMÉRICAINE:
Le gouvernement de la RDC a cité six entreprises chinoises pour activités minières illégales. Aucune entreprise américaine ne figure sur la liste. Bienvenue, Excellence, à la fête d’être un partenaire commercial responsable dans le secteur minier. Les forts disent la vérité.


AMBASSADEUR CHINOIS:
La République Démocratique du Congo ne doit pas être le terrain de combat de grandes puissances. Personne n’a le droit de se servir d’un pays, un État indépendant et souverain, pour satisfaire ses propres intérêts.
AMBASSADE AMÉRICAINE:
Entièrement d’accord, Excellence. C’est pourquoi les accords non transparents qui échangent les ressources minérales contre les infrastructures inférieures ou inexistantes ne sont pas dans l’intérêt de la RDC, même s’ils profitent à ceux qui ont signé les contrats.
Ma petite conclusion:
1) Aucune de ces deux puissances n’a de leçon morale à donner à quiconque. La Chine n’a pas honoré le fameux contrat gagnant gagnant de 2008 qui l’obligeait en contrepartie à construire de grandes infrastructures ( autoroutes, hôpitaux, universités et bâtiments administratifs) à travers tout le territoire national. Les USA quant à eux avaient affiché leur mépris vis-à-vis de l’Etat congolais en signant en 1996 des contrats d’exploitations minières en centaines de millions de dollars avec les rebelles Afdl pendant qu’il y avait encore un gouvernement légitime à Kinshasa. Le gouvernement yankee avait sciemment financé la rébellion et savait exactement comment il se ferait rembourser en installant un chaos organisé lui permettant d’imposer sa loi d’exploitation de tout ce pays.
2) Dans les relations entre états, les congolais continuent à commettre la grave méprise de croire qu’un gouvernement étranger peut venir les développer ou les sortir de la crise. C’est là une erreur monumentale d’appréciation. Qui ignore que le démantèlement actuel du Congo ( dont les chinois tirent profit) est la résultante de l’ambitieux projet stratégique “Africa New Opportunities Act” de l’administration Clinton en 1995.
Dans son ouvrage qui a fait date “Crimes organisés en Afrique centrale. Révélations sur les réseaux rwandais et occidentaux “ (pp.229-240), Honoré Ngbanda cible entre autres entreprises minières américaines AMFI ( American Minéral Fields Inc.) qui recevait de millions de dollars dans le cadre de ce projet stratégique en vue de concrétiser la volonté de domination économique des grands financiers et industriels américains en RDC. Les multinationales qui écument dans les régions minières congolaises sont l’actualisation de ce plan. Les intérêts américains et ceux de leurs sous-traitants africains convergent harmonieusement dans ce plan de destabilisation de la RDC.
Malheur aux politiciens congolais qui, à cause de l’étroitesse de leur vision politique, ont choisi de se positionner en faveur d’un camp contre un autre, croyant y trouver un partenaire et une garantie sûre pour se pérenniser au pouvoir.
Les agendas de tous ces puissants ne coïncident guère avec les intérêts supérieurs de la RDC. Ne nous laissons pas distraire par ces chamailleries de bas étage. La vérité est que le salut de la RDC ne viendra jamais ni de la Chine et encore moins des USA. Mais uniquement de ces filles et fils du Congo qui décident de regarder dans la même direction et autour d’un même idéal et des mêmes objectifs. Qu’on se le dise!