LUI :
Bonjour. Est-ce que vous pouvez avoir quelques minutes. J’ai quelques questions à vous poser.
MOI
Bien volontiers et c’est à propos de quoi s’il vous plaît?
LUI
Merci. Concernant d’abord le débat suscité par l’entraîneur de l’équipe d’Algerie qui a traité avec mépris l’arbitre du match Cameroun -Algérie et veut dire entre les lignes que l’Algerie n’est pas africaine msis arabe. Qu’en pensez-vous?
MOI
Si j’ai bonne mémoire il me semble que la FIFA a tranché sur ce dossier polémique et le fait que le match ne sera pas rejoué nous fait comprendre de quel côté se penche la balance de la vérité historique.
Quant au second volet de votre question sur l’africanité de l’Algerie, oser en douter c’est tout simplement faire preuve d’ignorance historique. Car dans le mouvement de conquête des régions septentrionales, lorsque les Romains colonisèrent Carthage et la Numidie, ils nommèrent AFRI ( qui veut dire africains en français) les populations locales. Les afri sont les habitants de possessions carthaginoises qu’ils chercheront à conquérir durant les guerres puniques.
C’est par après que le qualificatif africain va s’étendre aux autres peuples du continent. L’Algerie actuelle est indiscutablement africaine rien qu’en se trouvant dans cette région antique d’où ce nom africain trouve son origine. Par étymologie romaine du nom “Afrique “, l’Algerie est l’Afrique par excellence. Le nier c’est nier sa propre histoire et sa propre identité.
LUI
Et puis j’ai aussi lu votre post “ l’enfer de filles africaines à Dubai”. D’après vous pourquoi on en est arrivé jusque là?


MOI
D’abord pour des raisons historiques.
Depuis les conquêtes militaires arabo-musulmanes au 7 e siècle de notre ère, les arabes ont développé un bien triste imaginaire collectif sur les noirs. D’après ce que j’ai lu dans l’ouvrage de Tidiane Ndiaye(Le genocide voilé), l’imaginaire collectif de la part des arabo-berbères consiste à percevoir les noirs comme des êtres caractérisés par la légèreté, l’inconstance, l’émotivité, l’ignorance, la stupidité et leur degré d’infériorité. Pour la plupart des arabes, les noirs sont des SOUS-HOMMES et on ne peut les compter au nombre des humains, car ils sont plus proches des animaux. Ce déni de dignité humaine sera l’arme psychologique nécessaire qui leur servira durant 13 siècles à opérer des razzias de millions d’africains, à les capturer ou à les massacrer comme des animaux jusqu’à les CASTRER par millions avant leur déportation dans des caravanes vers les grands marchés orientaux.
Cette mémoire collective est encore très vive jusqu’à ce jour que ce soit chez les arabes ou chez de nombreux occidentaux qui ont pratiqué la traite des esclaves.
Pour revenir à ce dossier brûlant de Dubai, une des explications peut se trouver dans ce rendez-vous manqué entre l’Afrique et la civilisation musulmane depuis la signature en 652 du Bakht (Pacte politique) entre l’émir Abdallah ben Saïd et le roi nubien Khalidurat et qui officialisera la livraison des esclaves noirs de deux sexes à l’imam des musulmans.
LUI
Mais actuellement les razzias n’existent plus quand même, qu’est-ce qui pousse alors nos filles africaines à être des victimes consentantes?
MOI
Attention! Qui te dit que les razzias ont disparu? Toutes les filles africaines qui se retrouvent à faire ce sale boulot à Dubai ou ailleurs ne sont pas toujours consentantes. Le témoignage glaçant de Marthe Ndeh nous prouve que beaucoup parmi elles ont été prises au piège de prédateurs véreux qui leur ont fait miroiter un bon travail rémunérateur et arrivées sur place elles ont été livrées comme des simples marchandises au marché de ventes de esclaves sexuelles.
Quant aux filles dites “influenceuses” et qui se rendent à Dubai ou ailleurs pour devenir très vite riches et cela par n’importe quel prix, l’on peut évoquer plusieurs raisons certes mais le motif de l’enrichissement facile en est la principale explication. La publicité qu’en font les réseaux sociaux sert de canal de diffusion à grande échelle d’un phénomène qui se pratiquait jadis dans des proportions plus limitées.
LUI
Justement je reviens au problème de Dubai non dans le sens des influenceuses sur qui on fait ces actes abjects mais sur les auteurs mêmes de ces actes. D’après vous, que ressentent-ils en faisant cet acte horrible sur un autre être humain?
MOI
Nous avons à faire là à quelque chose que je décrivais dans mon ouvrage “Stratégie de domestication d’un peuple “ comme le processus de bestialisation ou d’animalisation.
LUI
C’est-à-dire quoi? Pouvez-vous être explicite?
MOI
Le premier constat qu’on fait c’est que les filles qui se lancent dans cette aventure ont des “ corps métamorphosés “ ( nouveaux seins, bassin agrandi, tatouages fétiches, chevelures teintées etc) bref tout ce qui fait que la fille n’est plus elle-même mais aliénée dans un personnage fabriqué et animalisé.
Et les clients qui viennent “faire” sur elles se métamorphosent à leur tour en animaux. Chez eux à la maison ces hommes sont des personnes apparemment normales qui ont femmes et enfants et n’osent jamais (mais alors jamais) le faire sur leurs propres épouses.
Là, dans ce décor des porta potty, nous nous trouvons en face de deux “bêtes” qui se rencontrent. La première s’est truquée, fabriquée en vue d’endosser ce statut animal et la seconde développe un flair animal pour se mettre au diapason de la fille transformée en animal. Bref et l’homme qui “dépose” dans la bouche de sa partenaire et la fille qui reçoit, tous deux se sont animalisés, l’humain s’est éteint en eux en cet instant précis.
LUI
Donc vous voulez dire que les deux sont responsables de la situation?
MOI
Être RESPONSABLE exige d’élever la maxime de l’action à l’universel et demande à l’agent de s’adresser à la fois à sa conscience et au bien de l’autre et de l’humanité. Ici la fille a mis sa conscience en epoche, entre parenthèses, elle a, pour ainsi dire, vendu son âme au DIABLE à cause des sommes faramineuses d’argent à gagner.
L’homme par contre croit s’accomplir en réduisant l’autre au statut de l’objet, pire, de TOILETTE HUMAINE. Mais en regardant bien les choses, les deux sujets sont dans un processus de sous-estimation et de haine très avancée de soi-même et de l’autre. La fille qui s’est métamorphosée pour devenir une proie et l’homme mué en prédateur qui nie l’humanité à l’autre, nul ne se sent bien en lui-même, les deux vivent un mal-être abyssal. À vrai dire, le mal est trop profond de part et d’autre.
LUI
Comme prêtre, dites-moi un peu : voyez-vous une dimension spirituelle à ce qui se passe à Dubai?
MOI
En évoquant ce sujet et son mode opératoire, j’ai vite pensé à ce rituel hébreu du bouc-émissaire. Le « bouc Azazel » est un bouc portant sur lui tous les péchés d’Israël comme cela apparaît dans un passage du Lévitique (16-21) en vue de purifier les individus et le peuple tout entier. Chacun pour se purifier, décharge ses impuretés sur le bouc avant de s’en séparer et l’abandonner dans le désert.
En paraphrasant ce rituel religieux, l’arabe de Dubai croît se purifier, se décharger de ses fautes et de ses esprits impurs en les mettant à l’intérieur du corps de l’influenceuse. Il croit par là combattre la calamité présente en lui, profondément convaincu de se débarrasser de son mauvais sort ou d’une force négative menaçante en la jetant dans l’intimité de la fille qui, en compensation, reçoit une forte somme d’argent. Oui elle reçoit une grosse somme d’argent mais pour une “courte joie” car elle ignore que par cet acte, elle achète sa propre mort. Recevoir dans sa bouche cette décharge est symboliquement une mise à mort. C’est un peu la théorie prolongée de la violence et du sacré de René Girard.
LUI
Vous avez parlé de “mise à mort”, si j’ai bien compris, donc la fille peut en mourir ?
MOI
Bien sûr que oui. En fait pour être précis, la fille est déjà morte avant de mourir. Elle s’affiche sur les réseaux sociaux, belle, parée de bijoux, assise sur un chameau avec une bouteille de champagne mais ça c’est le côté cosmétique de la situation. Car en profondeur, elle a perdu la grâce et les vibrations spirituelles, caractéristiques propres à une fille africaine. Son cœur ne croit plus en l’amour et son regard toujours en quête d’un plus matériel la condamne à se séparer pour toujours de ce qui fait la spécificité de la femme africaine. Elle a vendu cette part d’elle-même qu’on ne peut hypothéquer sans mettre en péril la dignité humaine et le statut humain lui-même.
La fille et son client, les deux ont vendu l’humain en eux pour troquer la peau animale. La mort spirituelle est bien là. Celle physique s’en suivra inexorablement puisque le corps ne peut jamais vivre sans se nourrir de l’esprit sain et saint.
LUI
Le sort final serait-il le même ou différent pour les deux ?
MOI
C’est douloureux de constater ce retard de croissance psychologique chez les auteurs mâles de ces actes qui se sont arrêtés, pour emprunter la formule de Sigmund Freud, au STADE ORAL de leur croissance. Pour ce monsieur, le “boudin fécal “ qu’il a déposé dans la bouche de la partenaire stimule sa zone érogène, et, comme pour l’enfant, il le perçoit comme une partie de son corps qu’il perd.
Cette partie perdue, il la croit valorisée et veut s’en servir comme monnaie d’échange. Dans sa tête, aimer signifie à ce stade DONNER ET GARDER. Vous l’avez compris, la possessivité est l’un des aspects dominants de sa psyché profonde et donc ce monsieur est un malade à soigner, un humain inaccompli, un être dont la croissance s’est trouvée bloquée au stade anal sans plus jamais atteindre le stade phallique.
Raison pour laquelle il oublie d’utiliser l’organe phallique et le type de comportement adulte qui feraient de lui un homme complet.
La fille par contre c’est une personne qui s’est avant tout renié à elle-même, elle s’est métamorphosée par défiance à soi-même. Elle s’est auto-détruite, vidée de sa propre identité humaine et féminine pour se comporter comme un chien marchant à quatre pattes, qui aboie, se plie à la volonté de son maître de manger les excréments et renonce à sa dignité humaine , enivrée de son statut animal. Quand bien même elle fait ça pour quelques heures, les séquelles la marqueront pour toujours. Les traumatismes resteront profonds en elle et détruiront petit à petit les fondations de son être intime.
J’espère que vous percevez la complexité d’éléments qui entrent en jeu quand une fille décide de devenir une toilette portable ( c’est la traduction française de Porta Potty) ou lorsqu’un homme choisit d’y jeter ses déjections. Quoique divergent les modalités, il s’impose ce principe implacable de réciprocité qui veut que l’inhumanité infligée à un autre détruit automatiquement l’humanité qui est en soi.
Ceci dit, il est évident que les deux s’engagent irrémédiablement dans un processus d’autodestruction et déshumanisation fort regrettable. Les deux certes mais également le groupe humain représenté par l’un et l’autre et dont leurs actes deviennent le pur reflet.
LUI
Avez-vous un mot de la fin?
MOI
L’opinion doit désormais savoir que le terme “INFLUENCEUR” est un concept flou et un fourre-tout. Un influenceur est une personne sans métier identifié. Il n’est ni banquier ni politicien ni d’une autre profession reconnue socialement mais bien curieusement il brasse des sommes colossales. Elle apparaît toujours seule dans ses photos et cela accroît l’énigme. Mais les nombreux témoignages de ces jours ont levé le voile sur ces pratiques immondes. Ils ont contribué à sonner l’alarme et à provoquer une prise de conscience collective dans l’opinion publique internationale. Il faut que le monde entier crie : “ Never again! Plus jamais ça”. Il revient désormais à tout un chacun de ne plus tomber dans ce piège déshumanisant et aux différents gouvernements du monde de prendre la mesure de ce fléau et de défendre la vie de leurs citoyens là où elle tend à être réduite à un moins que rien.