La TV guinéenne a accueilli sur son plateau une jeune fille d’origine camerounaise qui a vécu l’enfer à Dubai et à réussi à échapper des mains de ses bourreaux. Elle livre un témoignage glaçant sur la vérité de ce qui se passe à Dubai et dans d’autres pays pour prévenir les prochaines victimes.
JOURNALISTE :
Vous êtes revenue de Dubai. Vous êtes partie du Cameroun et on vous promettait ciel et terre. Mais finalement au bout de quelques jours tout cela s’est transformé en cauchemar. Pouvez-vous nous raconter votre histoire ?
MARTHE :
L’histoire a commencé avec un monsieur de ma ville natale au Cameroun qui m’a donné le numéro de contact avec un monsieur, un arabe qui réside à Dubai. J’ai fait mes papiers et j’ai pris mon vol. À la descente de l’avion, le monsieur est venu me prendre. Arrivé à la maison il m’a demandé de téléphoner en famille pour rassurer et mes parents que je suis bien arrivée et que tout se passait comme souhaité. C’est lendemain que va commencer ma descente aux enfers.
Journaliste:
Vous êtes allée à Dubai pour faire quoi exactement? Avez-vous une formation ? Qu’est-ce qui vous a poussée d’aller à Dubai?
Marthe:
J’avais fait les études de l’hôtellerie après le bac et tellement je n’avais pas du travail, dès que m’est arrivée cette occasion, je me suis lancée et j’ai accepté d’aller travailler comme secrétaire personnelle de ce monsieur, de l’arabe. Arrivée sur place, j’ai pu ouvrir discrètement ses mails et je me suis aperçu de la cruelle vérité qu’il faisait des fausses offres de travail a beaucoup de filles africaines et philippines à qui il faisait miroiter des emplois de qualité.
En réalité ce n’est pas ce qui se passait. Ce qu’il faisait c’est que dès l’arrivée des filles, il confisquait leurs passeports et VENDAIT les filles dans des maisons de prostitution comme de simples marchandises. Elles devenaient des prostituées, des esclaves destinées à l’exploitation sexuelle.
Surtout moi personnellement, je n’avais que deux heures de repos. Je devais travailler jour et nuit et faire tout ce qu’il me demandait. Il abusait de moi sexuellement comme il voulait et quand il le voulait. Et souvent il me battait et me fouettait violemment avec sa ceinture.
J’ai vu aussi d’autres filles arriver que je ne voyais plus où elles partaient. Je n’avais qu’un seul désir : rentrer dans mon pays. Mais les arabes empêchaient qu’on communique entre nous les noires. On était des esclaves soumises, obligées de faire ce qu’on nous demandait. Si tu refuses, on te bat ou on te coupe les mains. On te tue et jette ton corps.
Journaliste
Est-ce qu’il t’a laissé ton passeport ?
Marthe
Le premier geste quand il te salue à l’aéroport, c’est de confisquer ton passeport. Il m’a amenée chez lui et le lendemain je devais dormir dans sa chambre, non pas sur son lit mais par terre . Il descendait de son lit pour faire ce qu’il voulait. Il était aussi malade, il toussait et toute la nuit je devais être là à recueillir ce crachat.
Journaliste:
Et ça s’arrêtait là où il te demandait autre chose?
Marthe
Non! Pas seulement son crachat, malgré sa maladie mais il me demandait de lui faire la fellation et tout ce qu’il m’exigeait. Je devais tout faire, je vous dis. Même manger son caca et boire sa urines, je devais le faire.
Journaliste
Est-ce que ta situation de calvaire était la même que celles d’autres africaines à Dubai? Avez-vous rencontré d’autres filles camerounaises là-bas?
Marthe
Quand je me suis échappée de cette maison d’enfer, j’ai été arrêtée par la police de Dubai et jetée en prison. Une fois en prison j’ai trouvé là-bas beaucoup de filles avec des blessures et tuméfactions dues aux nombreux maltraitements. J’y ai aussi rencontré des filles enceintes qui ne reconnaissaient même pas le père de la grossesse parce que tout le monde y passait patron, papa, ses enfants, oncles et visiteurs de la famille. Toutes les filles portaient des traces de blessures au pieds, aux visages, à x ventres et notre désir fut celui de rentrer dans nos pays. Et comme nos passeports furent confisqués par nos patrons, c’était difficile. Et surtout qu’il n y a pas d’ambassade camerounaise à Dubai.
J’ai vu des scènes horribles. Certaines filles africaines qui arrivaient et on les tuait. Je voyais tout mais je n’avais pas le droit de parler. Je devais juste jouer mon rôle sinon j’étais une personne morte.
Journaliste
Mais si je comprends bien, dans cette société là les filles africaines n’ont aucune considération ?
Marthe
C’est pire que ce que vous pouvez imaginer. Ils vous obligent de faire des choses horribles. On vous oblige de dormir par le pavement sans matelas et tu dors deux heures la nuit. Ils viennent te réveiller n’importe quand pour assouvir leurs bas instincts comme des animaux.
Journaliste
Vous avez fait trois mois dans cet enfer, maintenant que vous êtes de retour, est-ce que vous faites une sensibilisation pour alerter les autres filles ?
Marthe
J’en appelle à toutes mes sœurs africaines de rester vigilantes. Tout ce qu’on vous dit et fait miroiter sur la belle vie à Dubai, ce n’est pas vrai. Moi-même prise comme secrétaire j’étais utilisée par mon patron pour convaincre les autres filles. J’étais poussée à mentir pour séduire et attirer la nouvelle clientèle. À mes sœurs africaines, je dis attention, tout ce qu’on vous dit du Dubai n’est pas la vérité. Il existe un enfer là-bas et je l’ai vécu personnellement. Étudiez et cherchez des opportunités de travail digne au pays. Moi votre sœur j’ai tout perdu : mon argent, ma dignité et ma santé.
Journaliste
Est-ce que le monsieur qui t’a aidée à sortir de ce pays, tu as gardé contact pour le remercier ?
Marthe
J’ai essayé de l’appeler à mon retour au Cameroun mais il ne décrochait pas. Sûrement il avait peur aussi de la police de son pays. Quant à mon ancien bourreau, il a changé tous les numéros et il est devenu injoignable.
Je plaide pour beaucoup de camerounaises qui sont restées coincées là-bas et sans passeport. S’il n’ y aura pas un bon samaritain pour elles, elles mourront dans l’anonymat total et on n’aura pas leurs traces.