Debora Kayembe, première personnalité noire ( Africaine et Congolaise) et la troisième femme à occuper le poste de rectrice de l’Université d’Edimbourg en Écosse en quatre siècles d’existence de cette vénérable institution. Cela fait des envieux, n’ est-ce pas ?
Elle est d’ailleurs la première à le reconnaitre : ” Il y ‘a des gens, au sein de l’Université, qui souhaitent mon échec, pour que l’on ne puisse plus jamais choisir une personne de peau noire à ce poste. C’est un gros fardeau que je porte. Je suis dans l’obligation de réussir et aussi préparer le chemin pour les autres”, a-t-elle confié dans une interview accordée au quotidien Le Potentiel (n°8288 du 21 mars 2022).
Madame la rectrice a du flair ! Car, à ce jour, la voix de ses adversaires de l’Université s’est jointe à celle de Tutsi Power qui réclame à cor et à cri sa démission à ce poste. L’Ambassadeur du Rwanda en Angleterre fait circuler une pétition en sens. Motif : Debora Kayembe aurait émis des propos remettant en cause l’authenticité de la théorie du génocide rwandais. De plus, elle se serait opposée à un accord conclu entre Paul Kagame et Boris Johnson, chef du gouvernement britannique, pour accueillir au Rwanda les personnes refoulées d’Europe, en contrepartie de financements ( plusieurs millions de dollars). On croit rêver quand on sait pertinemment que le Rwanda ne dispose pas suffisamment d’espace pour offrir l’hospitalité , sur son sol, à ces migrants et demandeurs d’asile de diverses nationalités acheminés d’Angleterre. Il faut arrêter de se mentir ! Ces gens seront acheminés vers des sites dans l’Est de la RDC. Cela se sait. Cette pratique est d’ailleurs contraire à la convention de Genève pour les réfugiés, selon le Haut Commissariat des Nations unies pour les Réfugiés (HCR).
Pourquoi Paul Kagame ne veut-il pas que les Congolais réagissent à ses absurdités ? La culture de la carabistouille ( mensonge), dit Ubwenge, est, au Rwanda, un fait culturel indéniable. Les relents de cette culture sont observables même aujourd’hui.
UNE FEMME LIBRE ET DE CONVICTIONS ASSUMÉES
Debora Kayembe s’est exprimé à titre personnel, que l’on sache. C’est une femme libre. À quoi s’engage l’Université d’Edimbourg ? C’est ce qu’on appelle chercher des poux sur la tête d’un chauve.
N’est-on plus libre de penser, d’émettre une opinion sur un sujet quelconque ? On a l’impression que Paul Kagame, le Président du Rwanda, se considère désormais comme le maître souverain et absolu de toutes choses parce que adoubé par les multinationales et les pays occidentaux qui se ruent sur les matières premières de la RDC qu’il contrôle dans l’ Est, avec la bénédiction des autorités congolaise. Fort de sa position de ” leader ” dans la région des Grands Lacs d’Afrique centrale, il impose sa volonté à tous. Et personne ne pipe mot. Motus et bouche cousue. Étonnant, non ?
Paul Kagame est le patron de la RDC, avouons-le. Sinon, où sont les politiques Congolais pour soutenir leur compatriote dans cette “affaire” ? Ont-ils peur de Paul Kagame ? Ont-ils peur pour leurs intérêts ? Ce qui est sûr, le monde politique congolais d’aujourd’hui lui doit tout et est assujetti à ses desiderata.
Le Tutsi Power règne sur la RDC, le désordre qu’ il a causé dans l’Est n’est plus à démontrer. Cela continue encore aujourd’hui. Le Rwanda, l’ Ouganda, le Burundi, le Kenya et la Tanzanie occupent cette partie de la RDC dans le but d’ assouvir leur seule volonté de balkaniser ce pays. Un vieux rêve. Et pour couronner le tout, ils ont intégré la RDC dans la communauté d’Afrique de l’Est ( EAC). C’est pour bien dompter les Congolais.
Une Africaine, une Congolaise de surcroit, qui n’est pas une Rwandaise, à ce poste de rectrice dans une prestigieuse université européenne, ne peut que révolter le Tutsi Power. La carrière exceptionnelle d’ un fils ou une fille de la RDC doit être brisée. À preuve, Paul Kagame n’a jamais digéré que le prix Nobel de la paix ait été attribué au gynécologue Congolais Denis Mukwege. Cela se ressent lors de ses interventions.
Le Rwanda, pays anglophone, membre du Commonwealth, a réussi à faire nommer – c’est le mot exact – l’une de ses filles, Louise Mushikiwabo, secrétaire générale de la Francophonie. Et la RDC, premier pays francophone au monde, est relégué aux oubliettes de l’histoire. Triste réalité!
Les Congolais doivent réagir. Un sursaut d’orgueil s’impose! Debora Kayembe est l’une des fiertés de la RDC. À ce titre, elle mérite le soutien de tous. Ce n’est pas le Tutsi Power qui brisera l’élan de cette combattante des droits de l’homme, une femme de convictions assumées, qui donne des sueurs froides à Paul Kagame. À l’instar du docteur Denis Mukwege.
Robert KONGO, journaliste