0. Introduction
Depuis plusieurs années, l’Est de la République Démocratique du Congo est confronté à des guerres récurrentes, plus particulièrement la province du Nord-Kivu.
Plusieurs conflits inter et intra-ethnique en découlent.
1. La guerre de Kanyarwanda.
Au cours de la période d’instabilité politique ayant suivi l’accession du pays à l’indépendance le 30/06/1960, le premier conflit ethnique armée éclate au Nord-Kivu en juillet 1963, entre les Banyarwanda (Tutsi et Hutu de Masisi et Goma) et les autres ethnies (Nande, Hunde et Nyanga), suite à l’autonomie des provincettes.
En effet, le leader Nande Denis Paluku (ministre de l’agriculture du gouvernement provincial du Kivu) déclare l’autonomie du Nord-Kivu. Ses deux collègues Tutsi Cyriprien Rwakakuba (ministre de l’éducation) et Emmanuel Rwiyereka (ministre de finances) ainsi que le commissaire du district du Nord-Kivu, Herman Habarugira, un autre Tutsi, s’y opposent. Paluku parvient cependant à rallier les autres groupes ethniques Hunde et Nyanga et les Hutu de Ruthuru dirigés par Mwami Ndeze. Par ailleurs les Tutsi, les Hutu de Masisi et ceux des environs de Goma et une partie de Rutshuru (Bwito) maintiennent leur opposition. En réponse, Paluku envoie une expédition militaire dans le Masisi, les Tutsi y sont arrêtés et exécutés dans le Kiroshe. En prenant soin d’assimiler leur mouvement à la rébellion Muleliste, Paluku obtient un soutien politique et militaire du gouvernement central contre l’oppression de Tutsi et Hutu. On l’appelle “la guerre de Kanyarwanda, de 1963-1965”.
Avec l’arrivée au pouvoir de Mobutu en novembre 1965, il va ordonner la suppression des provincettes, la dissolution de leurs forces de police et la mutation des autorités politico-admninistratives impliquées dans ce conflit. Toutes ces mesures mirent fin à ce dernier sans pour autant réparer les ponts brisés dans les relations entre les groupes ethniques opposés, qui ne les resteront toutes fois pas jusqu’à nos jours.
Pendant la guerre de Kanyarwanda, le premier régime Rwandais, celui de Grégoire Kayibanda, est intervenu au Nord-Kivu aux côtés des Hutu. A partir de 1990 également, dans sa lutte contre le front patriotique Rwandais (FPR), le Président Juvénal Habyarimana créateur de la seconde République Rwandaise en 1973, a organisé une déstabilisation extérieure des Tutsi en s’appuyant sur les autorités politico-admninistratives du Nord-Kivu et du Sud-kivu. Parallèlement, il envoyant des agents dans les communautés rwandophones du Nord-Kivu en leur donnant comme mission de dresser les Hutu Congolais contre les compatriotes Tutsi en réponse de leur enrôlement massif dans la FPR au début des années 1990. De la sorte, les conflits locaux prirent une connotation non plus inter-ethnique, mais bien intra-ethnique au sein de l’ensemble du groupe des Banyarwanda.
2. Le massacre de Ntoto en 1993
Les Présidents Zaïrois Mobutu et le Rwandais Habyarimana furent pendant longtemps des alliés politiques, mais aussi de très proches amis en “affaires”. C’est dans ce cadre que le premier aurait vendu (ou offert) des vastes étendues de terre au second et à d’autres politiciens Rwandais dans la localité de Ntoto, territoire de Walikale habité en majorité par des Nyanga. Habyarimana y installa des populations Hutu Rwandaises chargées de mettre en valeur ces espaces. Mais très vite un conflit éclate opposa les autochtones aux étrangers. Certaines sources des ressortissants de Masisi vivant au Canada affirment que ces derniers n’obéissaient pas à l’autorité locale et se permettaient même de hisser le drapeau Rwandais sur le territoire congolais. L’irréparable se produisit un dimanche du mois de mars 1993 (Mathieu et al. 1998, p.36; Sheldon 1996, p.13). Pendant que la population Hutu Rwandaise était au marché et dans les églises, elle fut surprise par une attaque meurtrière des miliciens Hunde et Nyanga, le nombre de morts n’a jamais été connu, mais diverses sources parlent de plus de 14.000 personnes massacrées. Les survivants regagnèrent leur pays natal mais ce massacre declachant des violences inter-ethniques.
3. La guerre de l’AFDL de 1996 à 1997
Tout commence vers les années 1990, les mécontents Tutsi chassés du Kivu partent clandestinement au Rwanda pour y suivre une formation militaire aux côtés de FPR. En 1996, l’AFDL s’infiltre au Sud-kivu, elle assiégea la ville de Bukavu avec l’ancien Rebelle Laurent Désiré Kabila à sa tête. C’est fut le début de la guerre dite de l’AFDL. Cette dernière fut accompagnée par les armées Rwandaise (AFPR), Burundaise (FAB) et Ougandaise (UPDF). En 1997, le régime de Mobutu tombe, Laurent Désiré Kabila s’autoproclame Président de la République du Congo. Il nomma un sujet Rwandais, le Général Jemes Kabarebe au poste de Chef d’Etat Major Général des forces armées Congolaises. Avec l’entrée de l’AFDL au pays ce fut le début des guerres interminables en RDC.
Du fait que les Tutsi chassés du Kivu revennaient sous la forme d’une intégration dans l’armée de FPR. Ceci va avoir pour effet double le renforcement du clivage ethnique au Kivu entre Hutu et Tutsi d’une part, entre Tutsi et les autres communautés d’une autre part. En clair, la guerre de l’AFDL (1996-1997) a agi sur les deux dimensions des conflits communautaires au Nord-Kivu à savoir : inter et intra-ethnique.
4. La guerre du RCD en 1998
Le Président de la République Démocratique du Congo de l’époque, Laurent Désiré Kabila, d’heureuse mémoire, ordonna le retour de ses alliés Rwandais, Burundais et Ougandais dans leurs pays natal.
Le 02/08/1998, les mencontants Tutsi, anciens membres de l’AFDL soutenus par les militaires Rwandais et Ougandais declacherent la guerre et s’accaparent de la ville de Goma puis de la base militaire de Kitona. Au début, cette branche armée fut dirigée par Wamba dia Wamba. Cette rébellion avait connu des scissions internes qui se sont soldées par la création du RCD Goma dirigé par Azarias Ruberwa Manywa, RCD/KML dirigé par Mbusa Nyamwisi et RCD/N dirigé par Roger Lumbala. Cette guerre du RCD se termina par la signature des accords de Sun-City et la formation d’un gouvernement d’union nationale de 1+4 juste après l’assassinat de Laurent Désiré Kabila.
5. La guerre de CNDP de 2004 à 2009
Vers les années 2004, Laurent Nkunda Batware, un officier militaire Tutsi accompagné par quelques militaires de son ethnie se mutilent et ouvrent les hostilités contre l’armée Congolaise. Il bénéficia d’un soutien militaire Rwandais, il installa son quartier général à Masisi plus précisément à Kirolirwe. Cette guerre s’était terminée par la signature d’un accord de cesser le feu et l’intégration des mutins dans l’armée congolaise (brassage) vers les années 2009.
6. La guerre du M23 de 2012 à 2013
Vers l’année 2012, quelques militaires Tutsi dirigés par le Général Bosko Ntaganda surnommé Terminator ouvre les hostilités contre l’armée Congolaise. C’est le M23 qui installa son quartier général dans le Rutshuru. Il fut battu en 2013 par les FARDC. Le Général Bosko Ntaganda s’exila au Rwanda où il fut arrêté et conduit à la CPI pour répondre aux infractions lui imputées. Lors de sa comparution devant les juges, il se présenta comme un sujet de nationalité Rwandaise. Le M23 était toujours soutenu par l’armée Rwandaise.
7. La guerre des ADF de 2014 à nos jours.
En 2014, il surgit à Beni ville et territoire Province du Nord-Kivu un mouvement rebelle terroriste sous l’appellation “ADF”.
Ce dernier s’attaque aux FARDC et égorge la population civile autochtone. Ce mouvement terroriste opère actuellement aussi bien en provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri. Ce groupe armé n’a pas jusque-là la vraie identité, on l’appelle tantôt ADF, tantôt MTN. L’ADF est un mouvement terroriste islamique qui s’attaque beaucoup plus à la population civile.
N.B: La recherche sur les guerres recurentes de l’Est de la RDC a été faite par l’Assistant KASEREKA MBAKWIRAVYO Héritier.
Acteur politique du Grand Nord-Kivu.
Tél. +243994027283
E-mail : mbakwiravyo@gmail.com